Hier, j’étais à Clermont-Ferrand, au Sommet de l’Élevage
Une conférence que j’attendais particulièrement : Jean-Marc Jancovici venait présenter le nouveau rapport du Shift Project sur la transition agricole. Et tout ce qu’il a dit m’a donné des frissons.
« L’agriculture française, telle qu’on la connaît, ne survivra pas sans pétrole. »
Depuis un siècle, le pétrole a transformé nos champs en usines à calories. Une moissonneuse-batteuse, c’est 5 000 paires de jambes. Grâce à elle, 1 % des Français nourrit les 99 % restants.
Mais cette énergie-là est littéralement en voie d’extinction. La production mondiale des principaux fournisseurs de l’Europe sera divisée par deux d’ici 2050. Et le jour où les tracteurs tourneront au silence, il ne restera que nos bras.
La décarbonation, on ne la fera pas (uniquement) “par envie de sauver la planète”… On la fera par nécessité physique.
La fausse solution des alternatives végétales
Remplacer les protéines animales par des substituts végétaux ne répond pas aux besoins physiologiques humains.
Selon une étude conjointe de l’ADIV et de l’INRAE présentée au même sommet, il est impossible de couvrir les apports en acides aminés essentiels, fer, zinc et vitamine B12 avec des produits végétaux, sauf à consommer des volumes colossaux de calories.

Le plus ironique, c’est que ces “alternatives” dépendent elles aussi des énergies fossiles : les engrais azotés, issus du gaz naturel, représentent 80 % de l’azote disponible dans nos systèmes agricoles. Sans eux, la productivité des cultures serait divisée par cinq.
L’herbe comme point de bascule
Jancovici et Laure Le Quéré, du Shift, ont présenté le seul scénario capable, selon eux, de répondre aux enjeux sociétaux et écologiques actuels.
Il permettrait à la France de nourrir 87 millions de personnes, tout en divisant par 2,5 les émissions importées (soja, engrais, etc.), et en triplant la production de bioénergie, rendant l’agriculture autonome et contributrice à la décarbonation d’autres secteurs.
Et la clé de ce modèle, celle qui réconcilie production, climat et santé, c’est l’élevage à l’herbe.
Un hectare de prairie stocke autant de carbone qu’une forêt. Les prairies françaises compensent déjà 30 % des émissions des ruminants, et leur destruction (pour la culture) est la première cause de déstockage de carbone des sols.
Mais au-delà des chiffres, l’herbe, c’est la matrice du vivant.
Elle transforme la lumière en nutriments, les nutriments en muscles, les muscles en force, et la force en civilisation. C’est elle qui relie le sol à l’animal, et l’animal à l’homme. Couper ce lien, c’est scier la branche sur laquelle on est assis.
Le prix du vivant
Lors de la table ronde qui a suivi, David Chauve, éleveur dans le Puy-de-Dôme, a pris la parole :
« On a conscience des transitions à mener. Ce qu’il nous manque, c’est la lisibilité économique. Le nerf de la guerre, c’est la rémunération. »
Dans sa région, un éleveur gagne moins de 20 000 € par an. Pourtant, ce sont eux qui entretiennent 80 % des prairies du territoire.
Jean-Marc lui a répondu sans détour :
« Si c’est meilleur, c’est plus cher. À un moment, il faut être cohérent. »
Il a rappelé que les 20 produits les plus vendus en grande surface comprennent 16 boissons (eau, pastis, Coca, etc.), et que le premier “aliment” solide est le pot de Nutella. Autrement dit, nous avons les moyens de mieux manger — mais nous les dépensons ailleurs.
Le paradoxe français
Pendant que nos éleveurs disparaissent, le Brésil a ajouté 10 millions de vaches en 10 ans. Nous, on en a perdu un million. Et le pire, c’est que ces viandes-là arrivent dans nos assiettes.
« On ne mange pas moins de viande, on mange juste celle des autres. »
Pourtant, les chiffres sont clairs : les émissions par kilo de bœuf varient du simple au décuple selon les pratiques.
100 kg de CO₂ par kilo de viande pour le bœuf d’Amazonie, contre 16 kg pour une vache nourrie à l’herbe en France.
Alors pourquoi continuer à importer le pire, quand on peut produire le meilleur ?
Ce que Féroce incarne
La solution est évidente. Mais le Comment reste à définir.
Et je suis convaincu que Féroce a un rôle déterminant à jouer dans cette transition.
Je ne crois pas que les convictions suffisent à changer les comportements.
Mais si la viande issue d’élevages à l’herbe offre un bénéfice tangible pour la santé humaine — densité nutritionnelle, équilibre oméga-3/6, absence de polluants — alors le consommateur fera le choix du bon sens.
Et si nous modifions la chaîne de valeur — aujourd’hui, les éleveurs ne touchent que 7 % du prix payé en magasin, même les banquiers, eux, gagnent davantage (8%) — alors l’argent pourra revenir à ceux qui nourrissent vraiment.
Comme je le disais la semaine dernière : Féroce se concentre sur l’utilisateur final, parce que c’est grâce à lui que nous pourrons transformer la filière. Mais notre mission dépasse la santé humaine. Elle touche à la santé du sol, à celle des éleveurs, et au lien sacré entre l’homme et la terre.
C’est aussi pour cela que je refuse systématiquement les demandes de distribution en grande surface. Un modèle fondé sur des marges absurdes, du marketing mensonger et des labels jetables — incompatible avec l’histoire que nous voulons écrire avec Féroce.
Ce qu’il reste à faire
Cette conférence a renforcé mon envie d’aller plus loin et de développer un playbook de l’élevage régénératif. Associer des éleveurs, des agronomes, et des financiers pour créer un plan de route "clé en main" pour tous ceux qui veulent s’installer, transformer leur ferme, vivre décemment de leur travail et en être fiers :
- Quelles races choisir ? Suffisamment rustique et au vêlage facile pour limiter les besoins vétérinaires et de surveillance.
- Quelle surface acheter ? Pour trouver le juste équilibre entre gestion de l'exploitation et rentabilité.
- Quels investissements consentir ? Le matériel agricole coûte cher autant que les intérêts des crédits. Beaucoup de machines pourraient être louées ou partagées.
Les éleveurs connaissent parfaitement le vivant, mais sont moins au fait des dynamiques financières. Cet outil leur permettra de bâtir un business model viable. Mais il reposera sur un deuxième élément fondamental que nous sommes les seuls à garantir depuis le début : un prix juste et stable pour leur travail, qui ne fluctue pas au gré des pressions commerciales ou de la saisonnalité.
 
          
         
            
           
   
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