De David Nicolas

Chapitre 1 - Comment j'ai créé Féroce en 3 jours (presque malgré moi)

Je suis entrepreneur depuis plus de 15 ans, mais aucune de mes entreprises n'a connu une ascension aussi fulgurante que Féroce. C'est comme si l'Univers avait conspiré pour la faire réussir. Depuis le lancement, nous sommes systématiquement en rupture de stock. Des précommandes sont en place... mais l’attente est longue. Pour te faire patienter, laisse-moi te raconter cette folle aventure.

Jour 1

Tout a commencé un lundi, le 10 juin. Je tombe sur une étude du chercheur en nutrition Ty Beal qui classe les aliments selon leur densité nutritionnelle. En tête de liste : le foie de bœuf. 7 grammes suffisent à couvrir la plupart de nos besoins en vitamines et minéraux. J'en reste bouche bée. Le foie, cet aliment oublié, rejeté par notre monde moderne, est tout simplement l'aliment le plus nutritif de la planète. Mais le problème est là : les abats ne font rêver personne.

À cet instant, une idée improbable germe dans mon esprit : et si je le cachais dans un steak haché ? Sans le savoir, je venais de mettre le pied dans ma prochaine grande aventure.

Alors je fais ce que tout entrepreneur fait quand il a une idée : la tester. J'appelle Alain, un éleveur normand chez qui je m'approvisionne souvent en viande. Son élevage est unique, mais ça, c’est une autre histoire…

Avec son associée Lauranne, ils sont immédiatement enthousiasmés, mais tempèrent mon excitation : techniquement, c'est un vrai casse-tête. Le foie de bœuf est beaucoup plus fragile que le muscle, sans parler des contraintes sanitaires qui entourent la commercialisation des abats. Je raccroche, dubitatif, prêt à laisser cette idée se dissoudre comme tant d’autres.

Jour 2

Le lendemain, Alain et Lauranne me rappellent : « François est prêt à faire un test ». Mon cœur s’emballe. François, l’homme à la tête des Éleveurs de la Charantonne, une entreprise avec 250 employés et 50 millions d’euros de chiffre d’affaires, se lance dans ce pari fou ? Il n’a clairement pas de temps à perdre... Pourtant, voir les abats finir à la poubelle le révolte.

Je donne mon accord pour un lot-test de 100 kilos. Ça me paraît énorme. Je ressens ce frisson d'excitation caractéristique. Cette petite étincelle que connaissent tous les entrepreneurs. Une source d'énergie infinie qui brille dans leur cœur et leur donne la force de construire des pyramides avec des bouts de ficelle.

Jour 3

Ce mercredi-là, j’enregistre un podcast avec Florence Pinheiro Ortolan sur les neurotransmetteurs – dopamine, sérotonine, ces petits chimistes du bonheur. Pendant l’enregistrement, elle mentionne les abats comme une source incroyable de nutriments favorisant la production de ces hormones. L’occasion est trop belle. J'évoque mon projet de steak, à peine formé, qui n'a même pas encore de nom.

Et là, tout s'emballe. Suite à la diffusion de l’épisode, ma boite mail explose. Des dizaines d’auditeurs intrépides veulent être les premiers à tester. Ce qui n’était qu’une idée vague prend une ampleur que je n’avais pas imaginée. Je crée un groupe WhatsApp, le 'Féroce Club', limité à 100 personnes. En quelques heures, il est complet. Le lot-test n’est même pas encore produit et tout est vendu. Tout.

D'un côté, je suis excité comme un gosse à Noël. D'un autre... François m’a prévenu : il est très peu probable que nous trouvions la recette parfaite du premier coup. L'aspect, la texture, la cuisson, le goût... Tout est incertain. Nous marchons en territoire inconnu. Et pour être tout à fait sincère : j'adore ça !

Rendez-vous le 15 juillet pour la première livraison. D'ici là, j’ai un mois pour m'improviser e-commerçant. Il me faut découvrir Shopify, comprendre les rouages de l’agriculture en plongeant dans son histoire, et dévorer des podcasts sur les DNVB, ces marques innovantes nées sur internet.