Doit-on avoir peur du cholestérol ?

Pendant des décennies, on vous a répété la même histoire. Le gras bouche les artères. Le cholestérol tue. Les œufs sont dangereux.

Mais cette histoire, racontée depuis les années 1960, repose sur une hypothèse… pas sur une preuve. Et comme souvent en nutrition, une idée simple a remplacé une réalité complexe. Alors, remettons les pendules à l’heure.

Doit-on avoir peur du cholestérol ?

Ce qu’on n’apprend pas en cardiologie

“Pendant mes études de médecine et de cardiologie, on ne m’a jamais parlé de nutrition. C’est pourtant le premier déterminant de la santé cardiovasculaire.”

Pendant plus de vingt ans, le Dr Pierre-Vladimir Ennezat des Hôpitaux de Paris a prescrit des statines à ses patients, en suivant les recommandations officielles.
Leur taux de cholestérol baissait, mais leur état général, lui, ne s’améliorait pas.
Beaucoup revenaient avec les mêmes symptômes, la même fatigue, parfois les mêmes drames : infarctus, AVC, dépression.

Alors, il a commencé à douter.

Il est parti se former aux États-Unis, là où la médecine métabolique et la nutrition fonctionnelle font partie intégrante de la prise en charge.
Et il y a découvert une autre vision de la cardiologie : non plus centrée sur la chimie et la correction des symptômes, mais sur la physiologie du vivant, la prévention et la restauration de l’équilibre métabolique.

Depuis, il soigne ses patients autrement — non plus contre leur corps, mais avec.

Le cholestérol, un coupable bien pratique

Le cholestérol a mauvaise presse parce qu’on le retrouve dans les plaques d’athérome — ces dépôts qui peuvent boucher les artères.

Mais le fait qu’il soit présent ne veut pas dire qu’il en est la cause.
Ce serait comme accuser les pompiers d’avoir provoqué l’incendie parce qu’ils sont sur les lieux.

Le cardiologue Ennezat le rappelle :

“Le foie fabrique 80 % du cholestérol sanguin, et seulement 20 % viennent de l’alimentation. Si vous en mangez moins, votre corps en produira plus.”

Pourquoi ?
Parce que le cholestérol n’est pas un poison. C’est une molécule vitale :

  • Il sert à fabriquer toutes vos hormones (testostérone, œstrogènes, cortisol)
  • Il entre dans la composition des membranes cellulaires
  • Il permet la synthèse de la vitamine D et des acides biliaires

Sans cholestérol, il n’y a tout simplement pas de vie.

Ce qui bouche les artères, c’est l’inflammation

Les vraies causes de l’athérosclérose ne sont pas le gras… mais l’inflammation chronique, la glycation et le stress oxydatif.
Autrement dit : une combinaison de sucre, de sédentarité et d’aliments ultra-transformés.

Quand la paroi d’une artère est abîmée, le corps envoie du cholestérol pour la réparer.
C’est un pansement, pas une arme.
Mais si la blessure revient sans cesse — à cause d’un mode de vie inflammatoire — la plaque s’épaissit… et finit par poser problème.

En rétrécissant le diamètre de l’artère, elle perturbe la circulation du sang et augmente la pression artérielle.
La paroi devient plus rigide, moins capable de s’adapter à l’effort ou au stress.
Pire encore, ces plaques peuvent se fissurer : le corps déclenche alors un mécanisme de réparation en formant un caillot pour “colmater la brèche”.
Si ce caillot bouche complètement l’artère, il provoque une occlusion aiguë :

  • dans le cœur, c’est l’infarctus du myocarde,
  • dans le cerveau, c’est l’AVC ischémique.

Autrement dit : ce n’est pas le cholestérol qui tue, mais l’inflammation chronique qui finit par transformer une fonction de réparation en danger mortel.

Le gras, le sucre et la guerre des dogmes

Pendant qu’on diabolisait le beurre, on a remplacé le gras par du sucre.
Résultat : explosion du diabète, de l’obésité et des maladies cardio-métaboliques.

Les études récentes sont claires :

  • Les graisses saturées ne sont pas associées à une hausse du risque cardiovasculaire lorsqu’elles sont consommées dans un contexte alimentaire sain (1)
  • En revanche, un excès d’oméga-6, de sucres raffinés et de produits ultra-transformés est directement corrélé à une inflammation vasculaire accrue (2)

Ce n’est donc pas le “gras” qu’il faut craindre.
C’est la dissociation entre ce que nous mangeons et ce pour quoi notre biologie est faite.

Ainsi, le Dr Ennezat rappelle que les graisses saturées ne sont pas toxiques en soi. Tout dépend du contexte alimentaire dans lequel elles sont consommées. Les graisses issues d’aliments naturels — viande, œufs, beurre cru, huile de coco — ne provoquent pas d’inflammation, à condition d’être intégrées à une alimentation non ultra-transformée et pauvre en sucres raffinés.

Contrairement à une idée répandue, les graisses saturées augmentent certes légèrement le cholestérol total, mais surtout en élevant le HDL, le “bon” cholestérol, et en modifiant la taille des particules de LDL, les rendant plus grosses et donc moins athérogènes. Autrement dit : elles améliorent la qualité du profil lipidique, plutôt qu’elles ne le dégradent.

Ce n’est donc pas la présence de graisses saturées qui pose problème, mais leur déséquilibre avec les autres types de graisses, notamment les oméga-3. Un ratio oméga-6/oméga-3 trop élevé favorise l’inflammation vasculaire et altère la santé des membranes cellulaires.

“Ce qui rend une graisse dangereuse, ce n’est pas sa nature, c’est le contexte métabolique dans lequel elle est consommée.”

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Et les statines dans tout ça ?

Les statines, médicaments destinés à faire baisser le cholestérol, sont l’un des plus grands succès de l’industrie pharmaceutique.
Mais leur bénéfice individuel est souvent très faible : certaines méta-analyses estiment que le gain d’espérance de vie moyenne ne dépasse pas quelques jours. (3)

Elles peuvent avoir du sens dans certains cas à risque élevé, mais sûrement pas comme solution universelle pour compenser un mode de vie déséquilibré.

Ce que prescrit aujourd’hui le Dr Ennezat

Plutôt que de prescrire systématiquement des statines, le Dr Ennezat privilégie désormais des approches de rééquilibrage métabolique.
Ses “ordonnances” tiennent en deux mots : bouger et manger vrai.

Il recommande :

  • Une alimentation riche en bonnes graisses (huile d’olive, poisson gras, viande nourrie à l’herbe, œufs fermiers) et pauvre en sucres rapides.
  • Des repas complets, riches en nutriments, inspirés du modèle high fat low carb, qui stabilise la glycémie et réduit l’inflammation.
  • Et surtout, la marche quotidienne : au moins 45 minutes par jour, à un rythme qui stimule le cœur sans l’épuiser.

Ce mode de vie, explique-t-il, a plus d’impact sur la santé cardiovasculaire qu’une pilule.
Parce qu’il agit à la source du problème : la résistance à l’insuline, l’inflammation et le stress oxydatif.

Conclusion

Le cholestérol n’est pas un ennemi. C’est un messager, un indicateur d’un déséquilibre plus profond entre votre mode de vie, votre alimentation et votre métabolisme.

Plutôt que de chercher à le faire baisser à tout prix, demandez-vous :

“Pourquoi mon corps en produit-il davantage ?”

Les réponses sont souvent simples : trop de sucre, pas assez de mouvement, trop peu de sommeil, trop de stress.

Le cœur n’a pas besoin qu’on le prive de cholestérol. Il a besoin qu’on lui redonne du mouvement et du vivant.

Bibliographie

  1. Harcombe et al., BMJ Evidence-Based Medicine, 2020
  2. Simopoulos et al., Biomedicine & Pharmacotherapy, 2022
  3. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/26408281/

Auteur de cet article

Dr Pierre-Vladimir Ennezat

Cardiologue aux Hôpitaux de Paris

Le Dr Pierre-Vladimir Ennezat est cardiologue aux Hôpitaux de Paris et enseignant à la faculté de médecine.

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